Attar Farid ud-Dîn, l'un de plus celèbres poètes et mystiques soufis de la Perse, né vers 1140 et mort vers 1230 à Nishapur. Le nom Attar est en fait un surnom, il désigne celui qui fait le commerce des parfums. C'était la profession de son père et le poète en hérita. Dans sa boutique d'apothicaire, il composa la plus part de ses uvres. Il voyagea beaucoup cependant et rencontra plusieurs grands mystiques tels que Nedjm Ud-Dîn Kubra et le grand poète mystique de la Perse Djallel Edine Rumi alors que celui ci n'était qu'un enfant.Plutart Rumi disait que : "il fut âme du mysticisme et je ne fais que suivre sa trace ". Farid ud-Dîn Attar, est l'auteur d'une importante uvre en prose (voir bibliographique), ses biographes lui attribuent entre 100000 et 200000 vers. Chantant les thèmes variés de la voie soufie à travers une tapisserie de récits, menés souvent avec la prolixité orientale et culminent toujours dans la nostalgie de l'appel, dans la concision de l'instant : l'instant sacré de la rencontre avec le divin. Voici quelques extraits de contes faisant l'éloge de la résignation, du dépouillement, de la quête interminable qui sont la marque d'une âme absorbée dans une supplication confiante et qui sait que son espoir dans la miséricorde, la bonté et la rencontre finale ne sera pas déçu. |
Un demandeur s'assit devant Junaid et lui dit : "Ô toi qui es libre, quoique esclave de Dieu, dis moi quant est ce qu'on peut posséder le contentement du coeur" - " lorsqu'on a perdu son coeur, répondit-il, par l'effet de l'amour" Tant que tu n'obtiendras l'union avec le roi de la nature, tu ne pourras parcourir le chemin du contentement. Dois -je considérer comme convenable l'égarement de l'atome, parce qu'il n'a pas la force de supporter la vue du soleil ? Tant que l'atome sera atome, il ne sera qu'atome; il n'est pas ce qu'il semble être, il n'est qu'un éclat apparent. si on le retourne, il n'est plus lumineux; mais il n'en est pas moins un atome, et non la source brillante du soleil. Ce qui sort naturellement de l'atome n'est en réalité qu'un atome; mais si l'atome se perd entièrement dans le soleil de l'immensité, il participera, quoique simple atome à sa durée éternelle. Ô toi atome ! tu erres comme un homme ivre et malheureux, jusqu'à ce que à force de tourner, tu sois plus avec le soleil. J'espère que toi qui es sans repos comme l'atome ! que tu découvriras clairement ta propre impuissance. |
Un fossoyeur parvint à un âge avancé. Quelqu'un lui dit :"Réponds à la question que je vais te poser : toi qui as passé toute ta vie à creuser des fosses dans la terre, n'y as tu rien vu de merveilleux ?" Le fossoyeur répondit : "Ce que j'y ai vu de plus étonnant, c'est que ma chienne d'âme m'as vu pendant soixante dix ans creuser des fosses, et n'est pas morte une seule fois, ni n'a obéi un seul moment à la loi de Dieu. |
Un saint personnage, qui trouvait son bonheur en Dieu, s'était livré pendant quarante ans à l'adoration. Dieu était intimement uni à lui et cela lui suffisait; il aurait cessé d'exister, que c'eût été indifférent pour lui, puisque Dieu n'aurait pas cesser d'exister. Il possédait un enclos au milieu duquel il y avait un arbre. Or un oiseau avait fait son nid sur cet arbre. Le chant de cet oiseau était doux, ses accents étaient agréables; il y avait cent secrets dans chacune de ses notes. Ce serviteur trouva du charme dans le chant suave de cet oiseau, mais Dieu fît à ce sujet une révélation au prophète de ce temps-là en ces termes : " Dis à ce serviteur qu'il est étonnant qu'après avoir fait jours et nuits toutes ses pratiques de piété, qu'après avoir tant d'années brûlé d'amour pour moi, il ait fini par me vendre pour un oiseau. Il est vrai que cet oiseau est admirable de perfection, mais enfin c'est le chant d'un oiseau qui t'as dans son filet. Moi, au contraire, je t'ai acheté et je 'tai enseigné et toi tu m'as indignement vendu. T'ai-je donc vendu l'achat ? Ai-je donc appris de toi la fidélité ? Ne te vends pas gratuitement pour si peu de chose; je suis ton ami ne cesse pas d'être le mien. |
Un fou était tout nu et affamé au milieu du chemin. Or c'était l'hiver; il pleuvait beaucoup, et le pauvre fou fut mouillé par l'eau et par la neige, car il n'avait ni abri ni maison. A la fin il se réfugiât dans un palais en ruine. Lorsqu'il eut mis le pied hors du chemin et fut entré dans ces ruines, une tuile lui tomba sur la tête et lui fendit le crâne, au point que le sang coula comme un ruisseau. Alors cet homme tourna le visage vers le ciel et dit : " Ne vaudrait-il pas mieux battre le tambour royal plutôt que de frapper ma tête avec une brique. |
Le chaïkh et le chien
Un chien impur reposait sur la poitrine d'un chaïkh qui ne retira pas le pan de sa robe. Quelqu'un luit dit :" Ô toi qui es recommandable par ta dévotion ! pourquoi ne te gares-tu pas de ce chien ?" - " Ce chien répondit le chaïkh, a un extérieur impur; mais en réalité, cette impureté n'est pas évidente à mon intérieur. Ce qui à l'extérieur est manifeste à son égard m'est caché à l'intérieur. Puisque mon intérieur est comme l'extérieur du chien, comment aurais-je de l'aversion pour lui, puisqu'il me ressemble ? Lorsque la moindre chose obstrue ton chemin, qu'importe que tu sois arrêté par une montagne ou par une paille. |
Anecdote sur Majnûn
Un homme distingué qui aimait Dieu vit Majnûn tamisant de la terre au milieu du chemin, et lui dit : " Ô Majnûn ! que cherches-tu ainsi ? " - " Je cherche Laïla, " répondit-il. - "comment peux-tu espérer trouver ainsi Laïla ? reprit l'interlocuteur; une perle si pure serait elle dans cette poussière ? " - " Je cherche Laïla partout, dit Majnûn, dans l'espoir de la trouver un jour quelque part." |
Un homme hors de lui disait à Dieu : " Ô Dieu ! ouvre moi enfin une porte pour parvenir à toi." Râbiah était assise là par hasard et elle lui dit : " Ô insouciant ! est ce que cette porte est fermée ? " |